Les fresques
C’est un ensemble de six fresques que Charles SOULACROIX a réalisé en 1864/1865 sur la commande de Monseigneur Haffreingue.
Charles SOULACROIX était sculpteur, et il réalise ici ses premières peintures à fresques. Né le 6 juillet 1825 à Montpellier, il est mort le 9 mai 1899 à Florence (Italie). Il dut abandonner la sculpture à cause des projection de marbre qui lui avait donner une ophtalmie le menaçant de cécité. C’est par hasard qu’il rencontre l’Abbé Haffreingue lors d’un passage à Paris. L’ensemble réalisé est considéré comme l’œuvre majeure en peinture de Charles Soulacroix qui fait là ses grands débuts de fresquiste. Le procédé est d’un emploi fort difficile, parce qu’il ne permet pas les retouches, mais il offre par contre un avantage précieux : la couleur fait corps avec le ciment et est presque indestructible. « Le ciment boulonnais a beaucoup des qualités du ciment romain ».
Ces fresques sont disposées dans six niches, ou chapelles demi-circulaires, situées au pied du dôme entre deux grands arcs qui donnent accès d’un côté à la nef et de l’autre à la grande chapelle de la Sainte Vierge.
Quatre de ces chapelles sont destinées à recevoir un autel. Elles se distinguent des autres par les sujets religieux peints sur leurs calottes demi- sphériques. Les deux autres servent de lieu de passage et ne supportent que des reposoirs. Leurs calottes représentent des cieux étoilés.
Derrière chaque autel, ou reposoir, est figuré une corniche sur lesquelles l’artiste a établi des colonnes et des pilastres ornés de sculptures. Leur destination est de soutenir architecturalement la décoration de la partie supérieure ou calotte, et de présenter à l’œil du spectateur comme des galeries ouvertes qui lui font voir le tableau principal. Certaines sont en relativement en bon état, mais d’autres sont très abîmées par l’humidité. Les photos jointes en apportent la preuve.
Avant toute restauration de ces chefs-d’œuvre, les experts consultés ont tous été d’accord sur la nécessité de procéder dans l’ordre suivant :
- Protection en l’état des parties les plus endommagées
- Etanchéité du dôme et des baies vitrées
- Séchage naturel des murs
- Expertises et Devis des travaux
- Restauration
Les 6 fresques de la Cathédrale
Descriptions de ces six fresques, (selon la «Monographie des peintures à fresques de Charles Soulacroix dans le Dôme de Notre-Dame à Boulogne-sur-Mer » en 1865. Elle est précieusement gardée sous le numéro 44263 à la bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer. Chaque chapelle représente un « mystère », au sens médiéval du terme, c’est à dire un objet de contemplation amenant à la prière.
01. Le mystère de l'Immaculée Conception
La Sainte Vierge est entourée de gloire et revêtue d’un soleil. Des nuages forment autour d’elle une sorte de grotte aérienne. Des anges sont dans l’admiration et l’attendrissement devant cette créature bénie. La Vierge écrase sous son pied la tête d’un serpent alors incapable de nuire. Au dessous de la Vierge, deux anges revêtus d’armures guerrières, chassent las mauvais esprit. A la droite de la Vierge se tient l’archange Saint Michel.
Dans la partie supérieure Dieu le Père montre la Vierge aux anges. L’ange à la droite du Père exprime la reconnaissance, l’autre le respect.
A gauche du tableau principal Adam et Eve sont chassés du paradis terrestre. Ce sujet rappelle le péché originel dont la Vierge est exempte.
A droite, le pape Pie IX tient à la main le décret proclamant l’Immaculée Conception.
La calotte dans sa partie sur fond vert a pour sujet le Lys, emblème de la pureté. Dans sa partie sur fond rouge elle a pour sujet la colombe de Noé, indiquant que la colère de Dieu est apaisée.
02. Le mystère de la nativité de la Sainte Vierge
Sainte Anne offre au Seigneur l’enfant tant désiré qu’il vient de lui donner. Saint Joachim remercie aussi Dieu d’avoir exaucé sa prière. Un rayon illumine la Sainte Vierge.
Des femmes se préparent à donner leurs soins à l’enfant nouveau-né, ne se doutant pas du mystère qui vient de s’accomplir.
Dans la partie supérieure, le tableau représente la réjouissance du ciel. La Vierge enfant, entourée de gloire, et assise sur un trône, contemple la Sainte Trinité. Deux anges saluent la nativité de la Sainte Vierge, et jettent des fleurs en signe de réjouissance.
A gauche du tableau principal, représentation de la naissance d’Eve. A droite, le Père éternel, en présence d’Adam et d’Eve, maudit le serpent, et lui prédit qu’une femme lui écrasera la tête.
Sur la calotte, l’encadrement sur fond rouge est composé d’assemblage de feuilles de lys et de feuilles de chêne ou de vigne.
03. La présentation de la Sainte Vierge
La Vierge s’avance portant sur sa tête une couronne de fleurs et tenant un cierge à la main. Le grand-prêtre et les lévites sont sortis du temple et viennent au-devant d’elle pour la recevoir. Sainte Anne, qui quitte son enfant, ne peut se résigner sans tristesse à cette séparation. Saint Joachim, les yeux fixés sur la Sainte Vierge médite sur le grand acte qu’elle accomplit.
Derrière le grand-prêtre et les lévites, viennent Anne la prophétesse et les vierges consacrées au Seigneur. A droite du grand-prêtre l’artiste a représenté Mrg Haffreingue.
A côté de Sainte Anne, d’autres personnes semblent attirées par la curiosité et semblent en appeler d’autres. Derrière le tableau on aperçoit le grand portique du temple, ainsi que la tour de David.
Au dessous de l’inscription sur fond bleu un cœur et une colombe symbolisent la pureté et l’offrande de la Sainte Vierge.
04. L'annonciation de l'incarnation du Christ
Un ange descend du ciel. Il est plein de respect pour la Sainte Vierge à laquelle il va se présenter. Le Saint Esprit répand sur elle un rayon de lumière. Avertie de la grâce qui lui est faite, Marie s’incline et s’humilie devant le divin message.
Dans la calotte, un tableau représente la venue du Messie. Jésus-Christ, étendant les bras, descend du ciel sur la terre. Son amour pour les anges est partagé par les anges, qui lui témoignent leurs désirs et leurs joies.
05. Le mystère de la visitation à St Elisabeth
Sainte Elisabeth se rend au-devant de la Sainte Vierge et s’humilie devant elle. La Sainte Vierge tressaille de joie et répond à ses paroles par le « Magnificat ». Zacharie devance Saint Joseph. L’âne qui accompagne la sainte famille tient un pied en l’air. Il ne s’est pas encore arrêté.
Suivant une légende, la servante d’Elisabeth se convertit à la vue de la Sainte Vierge. Elle est représentée à l’extrême droite du tableau.
Au fond du tableau, on distingue une courtisane qui, selon la légende, s’est aussi convertie à l’arrivée de la Vierge. A côté un petit amour jette dans un puits ses flèches devenues inutiles. Il symbolise l’amour païen vaincu par l’amour du Christ.
Dans la Calotte, des anges, portant des bandelettes sur lesquelles sont inscrits les dons du Saint Esprit, adressent leurs salutations à la Vierge.
A gauche du tableau principal un médaillon représente Saint Jean Baptiste. Celui de droite représente l’enfant Jésus tenant dans la main un rameau d’olivier, signe de paix.
04. La purification de la Sainte Vierge
La Sainte Vierge, faisant acte de soumission à la loi, vient présenter son enfant au temple pour la cérémonie de la purification. Le vieillard Siméon, est transporté de joie.
Sur un autel, sont posés deux colombes et un panier de fruits. Un prêtre, entouré de lévites, lit les paroles de la solennité. A droite Saint Joseph. A gauche Anne, la prophétesse, se prosterne devant la Vierge
Le fond représente l’intérieur du temple avec les colonnades du sanctuaire, et le voile qui cache le Saint des Saints. On remarque le côté réservé aux hommes et celui réservé aux femmes.
Dans la partie inférieure, des panneaux représentent un agneau, une croix, des colombes, des vases sacrés, et plus loin à gauche, une couronne d’épines avec des clous. On remarque la coupe et le serpent emblèmes de la médecine, et les palmes, emblèmes du martyre. Sur la porte le portrait de Saint Pantaléon.
En dessous l’inscription : « Pour grâce Charles Soulacroix 1858 »